• Chapitre 2

     PRÉQUELS

     

    «  Alors comme ça, parce que je suis une fille, je n’arriverais jamais à te battre ? »

     

    «  Que non ! »

     

    « C’est ce qu’on va voir ! En garde ! » Téfra se lance de tout son poids sur l’épée de son adversaire en riant. Les deux bouts de bois plient sous l’assaut acharné des deux enfants. Soudain, l’épée de notre petite petite princesse vole comme par miracle dans la main du jeune garçon qui, le sourire moqueur, lui fait un clin d’œil. «  Tricheur ! » Crie Téfra, rouge de colère.

     

    «  Hola, doucement ! Je n’ai pas triché, j’ai juste utilisé une arme que toi tu n’a pas. Et c’est bien normal, à ton âge. » L’enfant boude.

     

    «  C’est même pas vrai ! »

     

    « Quoi donc ? »

     

    «  Que je n’ai pas encore de magie. Hier, un chien de chasse a voulu me mordre, et puis pour me défendre j’ai mis mains sur ma tête. Le chien m’a touché la main, et il a poussé un cri de douleur ! Sa truffe fumait, on aurais dit une tranche de lard bien grillé. »

     

    «  Bha, des histoires, ça. » renifle le garçon en levant les yeux aux ciel. «  Moi je ne crois que ce que je vois. » Téfra se renfrogne. Elle aimerais bien prouver à cet insolent qu’elle a raison. D’autant plus que, prenant un malin plaisir à la peiner, il continue sur sa lancée. «  Et puis de toute façon ça voudrais dire quoi ? Que tu est une élémentaire de feu ? La belle affaire ! Tu ne fera pas trembler tes ennemis avec ça ! Une petite boule de feu et puis hop ! Crevé ! Et tu te fera hacher menu par tes adversaires. Alors qu’un bon psychique, ou même un magnétiseur .. disant cela, il fait léviter son arme de bois, le regard narquois. A dix ans, Bran Tertrefort est déjà beau garçon. Les cheveux toujours en bataille, les yeux bleu gris à l’air charmeur, et sa démarche délié font de lui le parfait héritier pour sa maison. Il connais beaucoup de choses, et aime à étaler son savoir. Mais, quand il vois fondre en larme la petite fille, il se jette aussitôt à genoux et l’entoure de bras protecteur.

     

    «  Hé bien hé bien.. Je ne voulais pas te faire de la peine. Calme toi petite princesse, tu sait bien que je ne te ferais jamais de mal. Allons, sèche tes larmes. » Essayant tant bien que mal de la calmer, il lui tapote gauchement le dos. Ces filles alors ! On les houspille un peu et hop ! Ça se transforme en fontaine. Il ajoute, en essayant de moduler sa voie, comme sa nourrice le faisait si bien quand il étais plus jeune. «  Et puis tu sait, si à cinq ans tu arrive déjà à produire des flammes, tu sera dans quelques années la plus forte de toute les élémentaires de feu que j’ai jamais connu ! »

     

    Téfra se calme. Si elle a la larme facile, et à cinq ans, c’est bien normal, elle n’est pas connue pour profiter de la situation.

     

    Reniflant un bon coup dans le pull de son ami et fidèle protecteur, elle se détache de lui en souriant bravement. Bran lisse tant bien que mal son pull en retenant une grimace.

     

    «  Si tu veux te faire pardonner, tu raconte une histoire. »

     

    «  La qu’elle ? J’en connais tellement.. » Téfra lui lance un regard de mise en garde. Elle déteste quand il est aussi prétentieux.

     

    «  La venue de la magie en ce monde. »

     

    «  Je te l’ai raconté une centaine de fois ! Au moins ! » Sous le regard suppliant de la petite fille il s’incline, et s’assoit à même le sol. Téfra s’assied elle aussi, et fixe sur lui un regard si attentif qu’il manque d’en rire.

     

    «  Il y a bien longtemps, du temps ou la terre étais encore jeune, les animaux étaient beaucoup plus nombreux. Les dragons cracheurs de feu peuplaient le ciel, création du dieu Aéthor, et menaient une guerre sans merci contre les griffons, être ailé doté d’une grande intelligence, et dotés d’une magie unique : le psychisme, qui consistait à communiquer par la pensée, et à rentrer dans l’esprit des autres afin d’en exercer un pouvoir absolu. » Téfra frissonna. Elle avais toujours eut un peu peur des psychiques. «  Il y avais aussi des bêtes oubliés aujourd’hui : les oiseaux tonnerre, envoyés des dieux et qui parcouraient la terre en quelques secondes pour porter leurs signes, que ce soit malheurs ou grand bonheur. L’électricité étais leur pouvoir, et quiconque les touchais mourrais sur le champ. Et puis, il y avais les sirènes, être étranges, magnifiques mais cruelles, à la queue de poisson et à l’esprit rendu fou par leurs soif de sang. L’eau était leur élément, et personne ne pouvais partir sur les océans sans leur permission.

     

    Si des monstres habitaient l’air et l’eau, il y en avais aussi sur terre. Les plus redoutés étaient les Manimals, des êtres mi-animaux mi- homme, capable de se transformer à volonté en l’un ou en l’autre, et enfin les êtres de la terre. Il y avais aussi les Nains, des petites choses laides, aussi petite qu’un gros chat, avec une barbe et des dents pointues, et capable de faire léviter des objets cent fois plus gros qu’eux. Il pouvaient même voler, tu te rend compte ?

     

    Et la terre n’étais qu’un immense terrain de jeu pour ces êtres fabuleux. Les hommes se terraient dans des maison de bois et de terre, ils suppliaient les dieux de les aider à survivre. Et puis un jour, le roi des griffons eut une merveilleuse idée : pourquoi ne pas se faire des hommes des alliés de choix contre les dragons ? Les Griffons arrivèrent donc une nuit dans la ville la plus près de leur nid. Et ils offrirent aux hommes une arme de choix : Le psychisme. Nul ne sait comment la magie pénétra les hommes.On raconte que toute la nuit, des cris horribles résonnèrent alentours. Et le lendemain matin, les dragons virent voler vers eux des hommes à dos de leurs pires ennemis. Les deux magies combinés renversèrent les immenses bêtes ailés. Les dragons s’enfuirent en promettant une vengeance terrible. Eux aussi allèrent trouver les hommes. Et c’est ainsi que les premiers élémentaires de feu apparurent. La nouvelle se rependit. Les tribus qui n’avaient aucun pouvoirs, jalouse, allèrent chacune trouver les créatures les plus proche de leurs villages. Bientôt, il y eut des élémentaires d’électricité et d’eau, car, aux prix de nombreuses vies, les sirènes furent aussi mises à contribution. Les magnétiseurs virent le jour à leur tour, grâce aux nains, qui, fils de la discorde, souhaitait voir la terre sombrer dans le chaos. Les métamorphes, alliés aux Manimals, leurs créateurs, s’enfuirent dans les terres reculés, afin d’apprendre à combattre et à dominer la terre en toute impunité.

     

    Mais les dieux, qui surveillaient leurs créations, rentrèrent dans une grande colère en voyant la terre submergé par la magie. La déesse Galarée en particulier, déesse douce et maternelle, s’aperçut que certains êtres humains n’avaient aucun pouvoir. Ne pouvant laisser passer une telle injustice elle créa les élémentaires de lumière, qui purent dès lors se défendre contre toute les attaques. Les dieux convoquèrent leurs créations première, les sommant d’arrêter cette guerre futile, et surtout de ne plus y mêler les hommes. Les sirènes et les Nains les premiers, ivres de pouvoir, se moquèrent des dieux, et clamèrent que plus jamais ils n’obéiraient à personne. Alors s’en fut trop. Les dieux déchaînèrent leurs force contre la terre. Les sirènes et les nains disparurent de la surface du globe, et beaucoup d’hommes sous leurs coupe subirent le même sort. Les oiseaux tonnerre, qui s’étaient rangés du côté de leurs créateurs, furent les victimes anonyme de cette terrible destruction. On en entendit plus jamais parler. Quand aux dragons et aux griffons, il se rendirent très rapidement, et cessèrent leurs guerres inutile. Au fil du temps, les hommes se multiplièrent. La magie faisait dès à présent partie d’eux. Et tandis qu’ils devenaient de plus en plus puissant, les bêtes magiques qui jadis régnaient en maître sur la terre disparurent.

     

    Les dragons s’enfuirent loin pour cacher leurs derniers œufs. Les griffons s’adaptèrent à la vie des forêts, et se cachèrent dans celle ci. Au fil du temps, ils perdirent la paroles. Quand aux Manimals, il s’unirent avec leurs serviteurs, donnant à cette magie une puissance toute particulière. Et petit à petit, eux aussi disparurent.

     

    Et on dit que les dieux continuent de veiller au cycle de la terre. La magie ne dois pas être de trop, elle dois faire partie du monde, l’aider à vivre. »

     

    Téfra s’étira langoureusement. Puis elle sourit, rêveuse.

     

    «  ça veux dire que je descend des dragons ! » clama t-elle…« Et toi de vilains nains très laid aux dents longues. » Bran poussa un cri faussement outragé. «  Tu me trouve si laid que ça ? » Téfra le regarda, l’œil pétillant puis se mit à rire, à rire ! Les deux enfants roulèrent sur le sol en un pugilat musclé. Un raclement de gorge autoritaire les arrêta net.

     

     

     

    «Mon fils n’a t-il rien d’autre à faire que de jouer à combattre une petite princesse royale ? » Téfra releva les yeux, et croisa le regard glacial du grand seigneur. Ces yeux gris froid ne lui inspiraient rien de bon. Avec fierté, la « petite princesse » soutiens le regard de l’homme d’âge mur qui se tient devant elle. Après tout, personne ne peux la toucher, même la regarder sans qu’elle ne le veuille bien. Je n’aurais qu’à crier, et des gardes viendrais le prendre et l’emmener loin, si loin ! Songe l’enfant, naïvement. Elle glisse un coup d’œil vers le prince de Tertrefort, qui regarde ces pieds, l’air soumis. Finalement, l’adulte ouvre la bouche. « Nous allons rester plus longtemps que prévu, mon fils. » Dans ces yeux luisent une flamme mauvaise. « Je crois que notre roi va avoir beaucoup à penser dans les prochaines heures.. Vous devriez rentrer chez vous, " princesse ", votre mère va avoir besoin de votre soutien. » Téfra frisonne. L’homme a craché son titre telle la vipère crache son venin.

     

    Bran fronce les sourcils, inquiet. Plus âgé, il comprend que quelque chose, quelque chose d’anormal et de dangereux se prépare.

     

    « Sire, » dit-il en osant prendre la parole, «  permettez que je raccompagne Téfra à ses appartements. » Le seigneur hésite. Puis il hausse les épaules.

     

    « Pressez-vous dans ce cas. Et allez retrouver votre mère ensuite. » Bran salue son père avec déférence, puis il prend la petite main chaude dans la sienne, et pars rapidement dans les couloirs sombre, une main posée sur la petite dague qui ne le quitte jamais.

     

    Le regard froid de Tywin Tertrefort suit les deux enfants, jusqu’à ce qu’ils échappent à sa vue perçante. Il se drape dans sa cape. Dans quelques heures, il le sait, la nouvelle se rependra, et alors il vaudra mieux être prêt. Prêt à choisir son camp.

     


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