• chapitre 4

     Ignis

     

    Il fait froid. La nuit a étalé son manteau étoilé sur le monde. Et pourtant, l’obscurité n’est pas complète, le calme ne règne pas sur les contrées dorées de Sableblanc. Les crépitements succèdent aux cris d’affolement, tandis que les flammes lèchent le tours de pierre du château de Port-les-mouettes.

     

    Nul ne prête attention à l’enfant, à moitié nue et couverte de suie, qui titube vers les portes de la ville.

     

    Elle a froid. Elle a faim. Mais qu’elle s’arrête et s’en ait finit d’elle. Aucune pensées n’arrivent à percer la brume qui l’entoure. Elle est seule, seule au monde.

     

    Un homme la bouscule. Son pied gauche glisse sur la terre battue. La voila par terre, et sa tête cogne contre une grosse pierre. Au loin, les hennissement affolés des chevaux rajoutent de l’irréel à la scène. Jeté à toute vitesse sur la route, des charrues remplie d’eau passent et repassent. D’un côté à l’autre, le petit corps, immobile, est ballotté de ci, de là. Un cheval manque de l’écraser. Qu’il serait doux de les faire taire à leur tour !

     

    «  Téfra ! » Le cri, lointain, n’attire pas son attention. Dans l’esprit de la fillette brisé, la traduction s’opère quand même. Après tout, on le lui as appris. « Cendres » murmure t-elle en bougeant faiblement la main.

     

    «  Téfra ! » Le cri est plus près maintenant. La fille essaye de se relever, elle échoue lamentablement. Cendres. Elle retombe, et ferme les yeux.

     

     

     

     

     

    L’immense pièce est recouverte par un dôme en verre. La fillette n’a guerre envie de travailler. Une cuisante douleur aux doigt la ramène à ses cours.

     

    «  Aïe ! » crie t-elle en refoulant des larmes de douleur. «  Je le dirais à mon père ! »

     

     

     

    « Peu me chaud. Votre mère m’a prié de vous apprendre les langues anciennes et je le ferais ! Et nul ne pourra m’arrêter avant que ma tache soit finit. Alors, reprenons :

     

    Donnez moi l’Accusatif du mot Feu en ancien langage. »

     

    La petite se concentre.

     

    «  I… » le visage du professeur est fermé. Ses yeux acéré la fixent sans aucune pitié. «  I..Ignem ? »

     

    « C’est très bien. Vous commencez enfin à apprendre on dirais. »

     

    « Ignem. » Le mot sonne sur ses lèvres comme une promesse. Elle aime sa consonance, et tout ce qu’il apporte. Elle fronce les sourcils. «  Maître, qui a choisit mon nom ? »

     

    «  Votre mère. »

     

    Soudain, un dragon terrible surgit dans la pièce. Il attrape la pauvre enfant et la secoue dans les sens. La petite hurle ! Tefra !! Tefra !

     

     

     

    Le noir. Le noir le plus complet. Et toujours ses mots ! Ne peut-on donc pas la laisser en paix ? Tefra ! Elle essaye de hurler, n’y arrive pas. Le dragon est partit, mais elle est toujours secouée. « Cendre » parvient-elle juste à murmurer. La réponse. Elle a donné la réponse. Ce vieux professeur aigrit ne vas t-elle donc jamais la laisser tranquille ? Une douleur cuisante à la joue la pousse à se débattre. Et brusquement elle ouvre les yeux. Au dessus d’elle son chevalier servant, le jeune Bran Tertrefort, est prêt à la frapper de nouveau, main levé. Il a l’air affolé. Voyant que la princesse s’est réveillé, il lui tend la main. Téfra reste à terre. Des étoiles dansent devant ses yeux. Elle se sent hissé, soulevée. La princesse ferme les yeux. Et elle retombe dans le néant.

     

     

     

     

     

    Quand elle reprend enfin connaissance, elle est seule. Une matière humide sous ses doigts engourdis par le froid environnant, elle peine à ouvrir les yeux. Le bruissement des feuilles agités par un vent glacé la réveille tout à fait. C’est dans un déluge d’émotions qu’elle se rappelle de tout. Brusquement, elle a envie de pleurer, de crier, de hurler à plein poumons comme la vie est injuste.

     

    Mais ses yeux restent secs. Elle se lève, s’aidant de l’arbre contre lequel on l’a délicatement posé.

     

    Où est Bran ? Pourquoi n’est-il pas là ? Et elle, que vas t-elle devenir ? La faim pousse l’enfant à faire quelque pas. Il faut se nourrir, manger pour survivre. C’est là une des premières lois de la nature, lui semble t-elle. A quelques mètres, il lui semble apercevoir un buissons de mures jaunes. Titubant vers celle ci elle en arrache de pleines poignées et les avale goulûment. Les épines lui griffent les bras, mais elle n’en a cure.

     

    Sa faim calmée, l’enfant rassasié pense enfin à essayer de se localiser. Mais les bois qui l’entourent lui sont totalement inconnus. Et noirs, si noir ! Et puis chaque pas est fatigant parce que le terrain est en pente raide. Et puis il fait bien plus froid qu’à Port-les-mouettes, ça s’est sûr. Le soleil arrive à passer à travers les épaisses frondaisons. Mais il n’est pas chaud, ce qui veux dire qu’on dois être soit le matin soit le soir.

     

    Soudain, elle trébuche sur une racine. Les mains en avant, elle tombe à quatre pattes en pestant. Une douleur lancinante à la tête, et qui ne fait que grandir, lui fait faire la grimace. Elle tâte précautionneusement sa tête, et découvre, d’une qu’elle est presque chauve, et de deux qu’une croûte étrange, mêlé à des feuilles et à du sang, son sang, couvre une bonne partie de son crâne.

     

    Ça alors!Mes cheveux ! Mes si beaux cheveux ! Ils ont dût brûler quand.. Elle répugne à se souvenir, et les larmes lui montent aussitôt aux yeux. Mais qui m’a soigné ? Bran ? Et toujours et encore la même question : mais où était-il ? Et où l’avait-il emmenée ? Et surtout : depuis combien de temps était-elle allongé dans cette forêt ? Tant de question qui resterais malheureusement sans réponses. Elle frisonne. Le froid est bien présent, et le vent l’aide à passer sous les minces lambeaux de vêtements que la petite fille porte.

     

    Elle se roule en boule, en espérant recueillir un peu de chaleur. Peine perdue. Et soudain, la magie opère. La chaleur l’enrobe de nouveau. Une chaleur douce et bienveillante, qui la calme instantanément. Étonnée, Téfra relève la tête, et sa bouche reste grande ouverte. Elle irradie littéralement. Les flammes lèchent sa peau sans lui faire le moindre mal, et même la douleur à la tête diminue.

     

    Je suis une élémentaire de feu ! Elle tourne et retourne sa main. Et soudain, tout s’arrête. Et la fatigue reviens aussitôt. Téfra gémit de déception. Ses paupières s’alourdissent malgré elle, mais l’enfant refuse de sombrer de nouveau dans le sommeil. Sa découverte lui ouvre de nouvelles perspectives. Avec le feu comme allié, elle peux brûler ses ennemis, cuire sa nourriture, s’éclairer dans la nuit la plus sombre.

     

    Elle peux survivre. Encore faudrait-il savoir l’utiliser. Car pas moyen de relancer les flammes. Et ce froid, qui reviens aussitôt ! Cette fois, la princesse refuse de se laisser aller aux larmes.

     

    Je suis une princesse. Je suis une élémentaire de feu, et j’ai brûlé un château. Je suis au milieux des bois mais je peux survivre, parce que je suis Téfra.

     

    Elle fronce les sourcils.

     

    Non, songe t-elle, Téfra n’étais qu’une petite princesse de rien du tout. Téfra, c’était les cendres du phœnix qui n’a pas encore pris son envol. Téfra est morte dans la tour du château.

     

    Je suis Ignis, fille du feu, et ma vie commence maintenant

     

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    Un chapitre un peu plus court... J'essaierais de faire mieux les prochaines fois. N’hésitez pas à laisser des commentaires, ça fait toujours plaisir !

     


  • Commentaires

    1
    Mercredi 24 Avril 2019 à 19:09

    Je l'ai dévoré, et j'attends la suite avec impatience !

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    2
    Mercredi 24 Avril 2019 à 23:18

    Merci !

    La suite sera mardi ou mercredi prochain, je pars à Toulon entre temps ^^

    Trop contente que ça te plaise en tout cas

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